Avon Campana :
un hymne à la femme

« Le surréel est la réalité qui n’a pas été séparée de son mystère ». Cette formule géniale de René Magritte pourrait s’appliquer à certains des tableaux d’Avon Campana qui ne nous livre jamais l’énigme de son inspiration. La force de sa peinture est qu’elle laisse à celui qui s’en imprègne la liberté d’imaginer ce qu’il voit à l’aune de son propre monde intérieur. L’artiste digne de ce nom est celui qui, par sa puissance symbolique, nous fait voir autrement le monde. A l’instar de Salvador Dali ou de René Magritte, Avon Campana nous ouvre les portes du Réel en nous délivrant sa clé des songes. Il est temps de découvrir une œuvre qui n’a que trop attendu son public.

Admirée par le romancier et poète Jean Giono dès ses premières expositions, à la fin des années 60, Mme Avon Campana a conquis un vaste public dans le monde entier et exposé aussi bien à Tokyo qu’à New York mais aussi à Paris, St Paul de Vence et aussi à Marseille, ville ou elle est née et qui lui inspirera, en 1999, un de ses plus beau tableaux : la légende de Gyptis et Protis qu’elle composera pour les 2600 ans de la naissance de la cité phocéenne.

Une prouesse d’autant plus remarquable qu’elle a œuvré hors des circuits de l’art contemporain et sans être particulièrement soutenue par les critiques, hormis par un des plus grands d’entre eux, René Huygue, historien prestigieux et membre de l’Académie Française.

Mais il suffit de se pencher sur son œuvre pour comprendre la racine de son succès : si elle est formée, sur le plan technique, à l’école des peintres flamands, depuis Van Eck à Memling, les leitmotivs et thématiques de sa peinture sont contemporains de notre post-modernité. Si certains thèmes religieux apparaissent dans ses œuvres, Mme Avon Campana ne délivre aucun message de nature idéologique ou philosophique. A l’instar de Salvador Dali ou de Giorgio de Chirico, ses tableaux évoquent des labyrinthes de symboles qu’il convient de déchiffrer. On y croise des êtres intemporels dans un univers énigmatique, tour à tour dépouillé ou, au contraire, exubérant et baroque. Les amoureux de son œuvre se posent parfois la question de ce qu’elle a voulu dire ici ou là, mais c’est à celui qui regarde de trouver la réponse et à lui seul. Chacun voit ce qu’il peut ou ce qu’il veut l’aune de ses représentations.

Pourtant son travail n’est ni anarchique ni gratuit : il exprime une série d’ambivalences que l’on retrouve tout au long de son œuvre prolifique. Tout d’abord une quête de la pureté perdue, représentée notamment par les paysages dénudés d’une Provence hantée par des bergers austères, lieux magiques qui ont marqués son enfance, ou, à l’inverse, un foisonnement de couleurs et de formes qui explosent dans des tableaux où abondent femmes énigmatiques ou oiseaux multicolores.

Autre ambivalence : celle de la jeunesse et de la vieillesse. Les visages que peint Madame Avon Campana n’ont généralement que deux âges : celui d’une juvénilité intemporelle, souvent incarnée par de jeunes femmes au visage pur et celui de la mort qui se rapproche. Enfin il y a le thème de l’attente amoureuse et du couple, attente dont la femme est à la fois la source et la révélation. « Je vous souhaite d’être follement aimée » écrira André Breton à sa fille Aube. On sent cette attente dans les figures de femmes que peint Avon Campana et dont les visages sont souvent tournés vers el ciel, symbole de l’infini.

Omniprésente, la féminité se trouve au centre d’une œuvre dont on peut dire qu’elle est à la fois un questionnement sur la femme et son caractère insaisissable et un hymne au féminin. Toute l’œuvre de Mme Avon Campana, qu’elle représente une nature morte, des paysages désolés ou féériques, des fruits ou des chevaux, des hommes ou des femmes heureux ou résignés, est habitée par l’attente du merveilleux. C’est l’étrange magie de l’œuvre d’Avon Campana que de s’adresser à la part d’enfance qui survit en chacun de nous.

Paul François Paoli

Avon Campana : a tribute to woman. Avon Campana, admired by poet and novelist, Jean Giono from the moment she began exhbiting in the late 1960s, attrated worldwide acclaim. She exhibited in Tokyo and New York, as well as in Paris, Saint Paul-de-Vence and, naturally, in Marseille, the city of her birth which was inspiration, in 1999, fore one her most beautiful painting : the Legend of Gyptis and Protis, created for the 2600th anniversary of founding of the « Phocaean ». Her achievement is all the more remarkable when one considers that she worked at the margings of the contemparary art scene and receive little support from the the critics, apart from the greatest, René Huygue, an eminent historian and member of the Académie Française. Yet, take a closer look at her painting and it easy to understand the reasons for her success : while, technically, she was influenced by the Flemish school, from van Eyck to Memling, the leitmotivs and subject matter of her paintings are contemporary with our postmoderne ra. While certain religious themes di appear in her work, Avon Campana has no ideological or philosophical message to convey. Like Salvador Dali or Giorgio de Chirico, her paintings suggest labyrinths full of symbols which need to be deciphered. There we meet timeless beings in an enigmatic universe, one someting stripped bas or, on the contrary, exhuberant and baroque. Peaople who love her work sometimes wonder what she meant by this or that symbol, but it is up to the onlooker to find his or her own interpretations. We each see what we can or what we want to see and her representations are the starting point. And yet, there is nothing anarchic or gratuitous about her work : we are confronted with a series of ambivalences that can be found throughout her prolific career. First, a quest for lost purity, mainly represented by barren scenery of a Provence haunted by austere Shepherds, magical places remembered from her childhood, or, quite the opposite, an explosion of colour ans form on a canvas full of enigmatic women and multicolored birds. Another ambivalence set in play is that between youth and old age. Avon Campana’s faces are usually either those of eternal youth, often embodied by young women with pure faces, ans those approching death. Another theme running through her work is that of the longing for love, and the couple, a longing of which woman is both source and revelation at the same time. « I hope that you will be loved madly », exclaimed André Breton to his daughter, Aube. Such hope can be seen in the female figures painted by Avon Campana, whose faces are often upturned to the sky, symbol of the infinite. Omnipresent, femininity is central to a body of work that might be said to question what is woman ? what is her elusive nature ? and pays tribute to feminine. All Avon Campana’s works, whether a still life, a desolate or fairytale landscape, fruit or horses, happy or resigned men or women, are coloured by longing for wonder. The strange magic of Avon Campana’s work lies in addressing the child that lives on in each of us. Paul François Paoli